HINDI (LANGUE ET LITTÉRATURE)

HINDI (LANGUE ET LITTÉRATURE)
HINDI (LANGUE ET LITTÉRATURE)

La littérature hind 稜 classique, dont l’efflorescence se situe au début du XVIe siècle de notre ère, sous le règne des Grands Moghols, est considérable à la fois par sa masse – il s’en faut de beaucoup qu’elle soit encore totalement répertoriée – et par l’influence qu’elle exerce sur le développement de la civilisation indienne jusqu’à l’époque moderne, et en particulier sur l’évolution de l’hindouisme tel qu’il est pratiqué et vécu depuis le XVIe siècle.

Quelques grands poètes et quelques grandes œuvres réunissent tous les suffrages et jouissent d’une gloire pan-indienne: ainsi, le roman allégorique et mystique du poète s f 稜 Mu ムammad J yasi, la Padm vat , les distiques et poèmes de Kab 稜r, les chansons de S r-D s, le R m yan de Tuls 稜-D s sont partout chantés, cités et commentés, et alimentent la dévotion populaire. De cette abondante littérature, Kab 稜r et S r-D s constituent en quelque sorte les deux pôles: l’un, austère pèlerin de l’Absolu, farouche contempteur des religions établies, rejette le monde visible et s’efforce de l’abolir en même temps que son propre moi, dans une expérience intime, ineffable, d’unité; l’autre, enivré par la flûte de K リルユa (Krishna), court sur ses traces et contemple dans l’univers entier le reflet merveilleux du grand jeu divin. Entre les deux, un grand peuple vit, pleure, chante et rêve.

Le hind 稜, devenu progressivement entre le XIIIe et le XXe siècle la grande langue commune de l’Union indienne, regroupe 200 millions de locuteurs la reconnaissant comme langue maternelle (recensement de 1981), soit 42 p. 100 de la population indienne. C’est le groupe unilingue le plus important auquel il faut ajouter environ 60 millions de personnes parlant le hind 稜 comme deuxième langue.

La Constitution de 1950 a fait du hind 稜 la langue officielle de l’Union indienne, associée à l’anglais. Dans cinq États (Uttar Pradesh, Madhya Pradesh, Him chal Pradesh, Bih r, R jasth n) et deux territoires (Hary n et Delhi), le hind 稜 est la langue officielle à part entière. Le terme hind 稜 désigne la langue écrite en caractère n gar 稜 dans laquelle domine le vocabulaire dérivé du sanskrit ou emprunté à cette langue littéraire. L’urd est le style littéraire dans lequel domine le vocabulaire arabo-persan. Entre ces deux extrêmes, on observe une grande variété de styles en accord avec le sujet traité et le niveau de langue. L’hindust n 稜 représente le niveau courant moyen, donc la langue de communication quotidienne. Porté par l’évolution historique, politique et sociale, le hind 稜 est devenu progressivement à partir du XIXe siècle une langue littéraire écrite qui a remplacé les langues régionales (braj, avadhi, maithili, m rw ri), véhicules d’une littérature religieuse et rhétorique.

La rencontre avec les idées occidentales diffusées par l’éducation anglaise, qui se met peu à peu en place entre 1817 (Calcutta Hindu College) et 1850, représente un changement complet d’orientation littéraire. La montée du nationalisme, en particulier du nationalisme hindou, lié à la progression de mouvements réformistes religieux marqués par le syncrétisme religieux hindou-chrétien ou le revivalisme hindou, favorise la création littéraire en prose. L’adoption de genres empruntés à l’Occident tels le roman, la nouvelle, la presse fait entrer la vie sociale dans la littérature et aide à la diffusion des idées nouvelles. La poésie, jusqu’alors chantée et intimement liée à la musique ou bien obéissant aux règles de la poétique sanskrite, se transforme par l’emploi de la langue (hind 稜) et l’adoption d’une métrique nouvelle.

1. Le hind size=5稜 classique

Origine et évolution

Du point de vue linguistique, le hind 稜 est une langue indo-aryenne appartenant au groupe occidental des dialectes parlés dans la vallée indo-gangétique et dans l’Inde centrale: sa forme moderne dérive du dialecte sirhind 稜 ou b nga リu , parlé dans la région de Mirat et Delhi. Les envahisseurs musulmans, Turcs et Afghans (XI-XIIIe siècles), appelèrent cette langue simplement hindui : langue du Hind ou «des Hindous» – par opposition au turc et au persan.

Contrairement à d’autres langues indo-aryennes, le hindui n’était pas encore, au XIVe siècle, une langue littéraire: il ne devait le devenir que beaucoup plus tard. Le langage vernaculaire des autochtones de la région de Delhi, langue non écrite et particulièrement plastique, ne cessait d’emprunter à la langue des occupants – lesquels s’indianisaient assez rapidement: c’est ainsi que naquit une langue commune, de structure purement indienne, mais enrichie d’un large vocabulaire arabo-persan. Cet hindui ou hindust ni, longtemps simple lingua franca , devait plus tard donner naissance non pas à une mais à deux langues littéraires distinctes: l’ourdou (ou urd ), né au Deccan vers la fin du XVIe siècle et écrit en caractères persans, et le hind 稜 littéraire, dit aussi «high hind 稜», écrit en caractères sanscrits ou n gar 稜 , apparu vers le commencement du XIXe siècle, c’est-à-dire au début de la période britannique.

Si le hind 稜 moderne parvient difficilement à s’imposer en tant que langue de culture, il n’en a pas été ainsi des formes plus anciennes du hind 稜 (non dérivées de la khar 稜 bol 稜 ), le braj à l’ouest et l’avadh 稜 à l’est qui sont, aujourd’hui encore, considérés comme les deux principales langues littéraires du nord de l’Inde; langues «classiques» par excellence, puisque la plus grande partie de la littérature hind 稜 avant le XIXe siècle est composée dans l’une ou l’autre de ces deux langues, véritablement littéraires, largement pratiquées et appréciées en dehors de l’aire géographique où elles ont pris naissance.

Chacune est le véhicule d’une grande tradition religieuse. L’avadh 稜, primitivement parlé dans la province d’Aoudh, autour d’Allah b d, est la langue des s f 稜 indiens. L’un des premiers chefs-d’œuvre de la littérature hind 稜 est la Padm vat , roman mystique en vers composé par M lik Mu ムammad J yas 稜 au début du XVIe siècle. La tradition des s f 稜s indiens sera reprise un demi-siècle plus tard par T ls 稜-D s, l’auteur du célèbre R mcaritm nas , dit aussi «R m yan hind 稜»: cette œuvre d’une haute inspiration religieuse, composée à la gloire de R m (R ma), en tant qu’avatar de l’Être suprême, jouit en Inde, jusqu’à ce jour, d’un prestige inégalé: on l’a appelée «la Bible de l’Inde du Nord».

Le braj, langue lyrique par excellence, est lié au culte du dieu-pasteur K リルユa-Gop l, principale divinité de l’hindouisme moderne. Au début du XVIe siècle, dans le nord de l’Inde, ce culte est en pleine efflorescence. Si le persan reste, sous les Grands Moghols, la langue administrative, le braj va connaître à partir du XVIe siècle une vogue extraordinaire, jusqu’à devenir la langue littéraire principale de l’Inde du Nord.

S size=5r-D size=5s et les poètes de langue braj

«Si une langue indo-aryenne peut être appelée «langue royale», écrit le savant linguiste bengali S. K. Chatterji, ce fut certainement la langue braj.» Les empereurs moghols eux-mêmes la cultivèrent et la tradition a conservé plusieurs distiques en braj composés par Akbar et ses successeurs. Mais c’est probablement le lien particulier de la langue braj, d’une part avec la dévotion krishnaïte, d’autre part avec l’art traditionnel du chant et de la danse, qui assura sa suprématie, au point que la poésie braj apparaît comme l’expression même de la ferveur religieuse des masses. Cette suprématie est affermie par une longue lignée de poètes dont les plus célèbres sont appelés les «Huit Sceaux» de la poésie hind 稜. Le premier et le plus grand de la lignée est S r-D s (1503-1563), fils d’un musicien de la cour d’Akbar et musicien lui-même, auteur d’innombrables chansons à la louange de Krishna-Gop l.

La forme propre de la poésie braj est le pada ou pad , court poème comportant un refrain et destiné à être chanté avec ou sans accompagnement musical sur l’un des modes mélodiques traditionnels, dits r ga . Le plus souvent, c’est la geste du dieu pasteur qui fournit le thème de ces chansons, où se mêlent tendresse humaine et effusion mystique. Les jeux de Krishna au village des pasteurs, bébé choyé par les bouvières (gop 稜 ) Jashod et ses voisines, les espiègleries du bambin et ses larcins dans la laiterie, ses vagabondages de petit pâtre, ses prouesses dans les bois environnants, la musique enchantée de sa flûte, ses danses au clair de lune avec toute la troupe des jeunes gop 稜, amantes et dévotes à la fois, ses amours sylvestres avec R dh , sa principale partenaire dans le grand jeu dansé du r s ; enfin le départ de l’adolescent divin pour la cité de Mathur , les lamentations des gop 稜 en proie aux angoisses de l’absence, leurs appels désespérés, leurs tendres messages: tous ces épisodes de la geste krishnaïte, chère au cœur du peuple hindou, forment le thème éternel de la poésie braj, dont S r-D s est le maître incontesté. Sur ce canevas, le poète brode une somptueuse tapisserie aux couleurs chatoyantes. Ses pada, dont la facture délicate rappelle l’art persan du ghazal , ont la légèreté et le charme d’improvisations, relevées d’une multitude de détails amusants ou touchants, d’expressions imagées, souvent familières. Le lyrisme de S r-D s, tantôt délicat et tantôt puissant – en particulier dans l’expression du désespoir de l’absence – est toujours paré d’une grâce inimitable. Mais ces poèmes sont des chansons dont seule la mélodie peut exprimer toute la beauté et la ferveur, et ils se prêtent difficilement à la traduction.

S r-D s est le poète de l’enfance. Le portrait du bébé Krishna, dit «K nh », vu par les yeux extasiés de sa mère adoptive, Jashod , et des autres gop 稜, ses commères, est justement célèbre et n’a d’équivalent dans aucune des littératures indiennes. Cet enfant-dieu est décrit comme un vrai bébé, fantasque et malicieux:
DIR
\
K nh fredonne une chanson dans la cour
il danse de ses pieds menus
et il s’amuse dans son cœur.../DIR

À peine sorti de la petite enfance, K nh excelle dans l’art du pipeau. Suivi de toute la troupe des enfants du Braj et de ses bonnes vaches, «les blanches et les grises», il vagabonde dans les bois la flûte aux lèvres. Les Chansons de la flûte évoquent l’adolescent à la beauté radieuse et l’enchantement que sa flûte fait peser sur le Braj et sur le monde entier... Quand vient le soir de la pleine lune d’automne, les jeunes femmes, enivrées par le son de la flûte, abandonnent leur foyer pour courir dans les solitudes boisées du Brind ban aux bords de la rivière Jamn , où les attend Krishna.

Les jeux amoureux et les danses de Krishna et des gop 稜 au Brind ban sont l’un des thèmes favoris de la poésie braj, où S r-D s déploie tout son art: chatoiement des couleurs, tendres et furtives caresses, étreintes passionnées; poésie sensuelle, intensément humaine – et pourtant jamais le poète ne semble oublier que ce Maître de la danse est aussi l’Adorable, le Seigneur suprême qui fait danser les créatures du jeu de ses sourcils... La danse sylvestre du r s est le grand Jeu du monde: non seulement tous les habitants du Braj, «animés et inanimés», y sont entraînés, mais les dieux et déesses le contemplent de la voûte céleste, non sans une amère nostalgie:
DIR
\
Ah! Que le Créateur ne nous a-t-il fait naître au Braj?
À quoi bon ce séjour d’éternité?/DIR

Aux côtés de Krishna au teint sombre et bleuté comme le nuage de pluie se tient sa bien-aimée R dh , couleur de l’éclair, et les amants dansent enlacés:
DIR
\
Emmêlées boucles et pendeloques
et la tunique jaune avec le voile bleu.../DIR

Krishna parti vers un autre destin, le Braj tout entier brûle dans Le Feu de la Séparation . Ici le poète s’inspire largement – et avec un rare bonheur – d’un type de chansons villageoises où une femme exprime à une autre, ou encore à un messager réel ou imaginaire, l’angoisse de l’esseulement: chants nostalgiques où la douleur de l’absence est intimement liée à la description des saisons, particulièrement de la saison des pluies qui est en Inde la saison de l’intimité conjugale. Les Chansons de l’Abeille sur ce thème sont sans doute ce que l’Inde admire le plus dans l’œuvre de S r-D s. Expression d’une tendresse ardente, ces chants ne sont pas sans portée religieuse: le poète-dévot met dans la bouche des naïves gop 稜 une vigoureuse protestation contre le pédantisme brahmanique, les élucubrations de la philosophie moniste et les vaines prétentions du «yoga» à combler les aspirations profondes du cœur humain:
DIR
\
Que nous vantes-tu ce Yoga desséché
sans le tendre Amour?/DIR

La gloire pan-indienne de S r-D s, qui est tenu, avec Tuls 稜-D s (vers 1532-vers 1627), pour l’un des deux plus grands poètes de l’Inde du Nord, tient à ce lien étroit entre son œuvre et la dévotion krishnaïte, telle qu’elle s’exprime dans le k 稜rtan (dit aussi bhajan ). Institution krishnaïte par excellence, ces célébrations chantées de la gloire divine qu’on appelle k 稜rtan font toujours place aux pada en langue braj – et donc à S r-D s. Car le nom de S r-D s, dit-on, est lié à celui de Krishna «comme les deux maillons d’une chaîne». La primauté de la langue braj en ce domaine est acceptée par tous, même par ceux dont la langue propre est éloignée du hind 稜. Comme S r-D s, la poétesse M 稜r -B 稜, princesse du Mewar, au R jasth n, composa elle aussi ses pada en langue braj, et, comme lui, elle est connue et aimée jusque dans l’Inde méridionale.

Kab size=5稜r et les poètes Sants

Précédant S r-D s et T ls 稜-D s d’un demi-siècle, Kab 稜r (1440-1518) compose dans une langue encore fruste, où se mêlent plusieurs dialectes. Il semble avoir été le premier à se servir de la langue hind 稜 pour une sorte de «prédication» rythmée. Il utilise lui aussi la forme du pada, mais son inspiration est plus didactique ou satirique que lyrique. Son ardeur novatrice et son mépris pour la langue savante et ésotérique des brahmanes lui ont inspiré ce célèbre aphorisme:
DIR
\
Kab 稜r, le sanscrit est comme l’eau du puits
mais la langue du peuple est l’eau vive du ruisseau!/DIR

Pauvre tisserand de Bénarès, la ville sainte, né musulman mais sans attaches profondes avec l’Islam qu’il rejette en même temps que l’hindouisme traditionnel, contempteur du «Coran et du Véda» et de toute religion révélée, champion de l’unité divine, Kab 稜r est sans doute le plus grand mystique indien. Dans ses fameux distiques dits s kh 稜 (témoignages) et ses courts poèmes dits pada , Kab 稜r stigmatise les pratiques idolâtres des hindous, l’étroitesse des prescriptions coraniques, l’hypocrisie des «saints hommes», fakirs et yogis de toute robe et de tout poil qui sillonnaient alors, comme aujourd’hui, les routes de l’Inde – tout en raillant l’inépuisable crédulité des foules:
DIR
\
Les faiseurs de discours pieux
Chaque jour se lèvent de bon matin et disent des mensonges:
Mensonges le matin et mensonges le soir
Le seul mensonge fait sa demeure en leur cœur.../DIR

Plus soucieux de convaincre que de séduire, dédaigneux de tout artifice et indifférent aux règles de l’art poétique, Kab 稜r atteint à une éloquence puissante quand la force de sa conviction et la profondeur de son expérience mystique le font en quelque sorte dépasser le verbe. C’est en général avec des mots simples, en usant de comparaisons familières, même triviales, qu’il s’efforce d’évoquer son expérience intime. Ainsi, l’étroitesse légendaire des ruelles de Bénarès, sa ville natale, lui inspire ce couplet où s’exprime la jalousie de l’amour divin et son exigence d’unité:
DIR
\
Kab 稜r, très étroite est la ruelle de l’Amour:
un seul y passe à la fois!/DIR

Kab 稜r porte sur le monde qui l’entoure une condamnation sans appel. Il est hanté par la mort, la tragique et ignominieuse destinée du corps:
DIR
\
Les os brûlent comme un fagot de bois
La chevelure comme de la paille.../DIR

La mort n’est pas la fin des souffrances humaines et le «Paradis» n’existe pas. Il n’est d’autre salut que dans l’expérience intime où l’être fini triomphe secrètement de la «dualité» illusoire et se résorbe dans cette expérience même:
DIR
\
La lampe s’est vidée, l’huile s’est épuisée,
Le tambourin s’est tu, le danseur s’est couché,
Le feu s’est éteint et nulle fumée ne s’élève
L’âme est absorbée dans l’Unique et il n’y a plus de dualité.../DIR

Puissant et heurté, secret et parfois, à dessein, obscur, Kab 稜r est difficile à comprendre et plus encore à interpréter. Il n’en jouit pas moins d’un extraordinaire prestige du nord au sud de l’Inde, que son génie mystique a séduit. Il est aussi le chef de file d’une longue lignée de poètes hindous et musulmans. Aucun pourtant n’approche de sa stature et bien peu de ceux qui l’admirent ou le citent semblent l’avoir vraiment compris. Il reste un solitaire – ce à quoi son génie hautain semble s’être, d’avance, résigné:
DIR
\
Ainsi je me suis égaré et j’ai perdu l’esprit:
que nul ne tombe dans ma folie!/DIR

Kab 稜r mourant, ses disciples hindous et musulmans s’apprêtaient à se battre pour s’assurer du corps de leur Maître, ce champion de l’unité qui refusa toujours de distinguer entre «Hindou et Turc»! Mais, déjouant leur dessein, Kab 稜r mourut seul à l’écart dans une pauvre hutte, où l’on ne retrouva qu’un amas de fleurs... La légende de la mort de Kab 稜r fait écho à ses propres paroles, évoquant la mystérieuse dissolution où il croyait être, vivant, parvenu:
DIR
\
Tu cherches, tu cherches, ô mon amie, mais Kab 稜r a disparu
La goutte est absorbée dans l’océan: comment la retrouver?/DIR

C’est une profonde impression que le génie mystique de Kab 稜r a laissée au cœur de l’Inde, à la fois hindoue et musulmane. S. K. Chatterji l’appelle, à bon droit, «the first truly national Hind 稜 writer». Kabir apparaît comme le premier d’une longue lignée de poètes mystiques dits Sants (saints) ou nirgu ユi, adeptes du «non-qualifié». À côté de S r-D s et de Tuls 稜-D s, Kab 稜r mérite en effet de prendre rang dans la littérature universelle.

2. Le hind size=5稜 moderne

Développement et standardisation

Le hind 稜, terme persan, désigne à l’origine toutes les langues régionales apparentées de la plaine indo-gangétique. En tant qu’expression de la culture hindoue, les musulmans lui donnent aussi le nom de «hindoui» qui est attesté dès le XIIe siècle. Au XVIIe siècle, les voyageurs européens mentionnent l’hindust n 稜, langue courante généralement écrite en caractères persans. À l’origine, le hind 稜 est une variété de braj appartenant à la zone de transition de Mira レ. Elle atteste donc l’influence du penj bi qui la délimite à l’ouest. Cette variété est naturellement adoptée pour l’usage courant par les envahisseurs musulmans qui s’installent dans la région dès le XIIIe siècle. Elle est, de là, transportée à Delhi et Agr , les deux grandes capitales des royaumes musulmans successifs. Au contact du persan, langue dominante des musulmans installés en Inde, et du penj bi constamment exporté vers l’Est par la mobilité de cette population très active, cette variété de braj (appelée hind 稜 vernaculaire ou sirhind 稜) se transforme sur le plan phonétique, morphologique, lexical et syntaxique. Au fur et à mesure que la société urbaine adopte les modes de vie, les goûts et les idées de la cour musulmane, la langue se charge de vocables arabo-persans empruntés aux milieux proches de la cour.

La période de l’empire mogol qui débute avec le règne d’Akbar (1556-1605) voit se former une culture indo-musulmane particulièrement riche. Déjà au XIVe siècle, la dynastie indépendante Baham n 稜 installée au Deccan avait adopté le hind 稜 comme langue administrative et adapté l’alphabet persan à sa notation. Un style littéraire par transposition et imitation d’œuvres en persan se forme au Deccan. Il est connu sous le nom de dakkhini hind 稜 ou rekhta (mélangé) et, à partir du XVIIIe siècle, urd , terme employé dans le sens de «camp» par B bar (1526) dans ses mémoires et choisi au XVIIIe siècle par Sir j-ud-Din Al 稜 Kh n pour désigner le style littéraire basé sur un parler de Delhi nommé urd -e-muall , employé par les courtisans.

Au XIXe siècle, la situation est la suivante: la littérature, principalement poétique, est écrite soit dans les langues régionales (hind 稜 classique), soit en urd . La littérature orale en langue courante hindust n 稜 ou dans les diverses langues régionales est liée aux castes inférieures ou aux couches sociales illettrées et ne jouit d’aucun statut littéraire. La langue de cour et de justice restera le persan jusqu’en 1837.

L’installation des missionnaires au Bengale, notamment à えr 稜r mpur (Serampore en anglais) dans le sillage de la East India Company, est un événement important. Ils sont en effet les premiers à introduire l’imprimerie en Inde et à étudier sérieusement les langues vernaculaires, publiant grammaires, dictionnaires et textes. Travaillant dans une plantation d’indigo, le missionnaire baptiste William Carey comprend combien la connaissance des langues parlées par les gens du commun est importante pour la propagation de la foi chrétienne. En 1798, il installe une imprimerie à えr 稜r mpur avec l’aide de C. Wilkins, fonctionnaire de la Compagnie. En 1800, lord Wellesley fonde à Calcutta le Fort William College et utilise les connaissances des missionnaires pour former les jeunes fonctionnaires anglais destinés à travailler en Inde. Avec l’aide de quelques lettrés indiens recrutés sur place, les enseignants du Fort William College s’emploient à faire composer, puis imprimer, des textes dans les diverses langues courantes. Les textes en prose sont soit adaptés de poèmes en langues régionales (braj, avadhi, etc.), soit des transpositions à partir du sanskrit, soit une notation par écrit des kath (récits profanes ou religieux) qui constituent un genre oral de l’époque. Les missionnaires y trouvent leur compte, car ils ont besoin de connaître l’expression populaire de la religion hindoue afin d’utiliser la même phraséologie et les mêmes images pour faire comprendre la religion chrétienne. Le Nouveau Testament est ainsi traduit en beng l 稜 en 1801.

John Gilchrist (1759-1841), directeur du Fort William College, chirurgien de par son métier, se consacre alors à l’étude de l’hindust n 稜. Lui-même compose de nombreux livres pour l’étude de cette langue. Sans doute, les Occidentaux sont-ils surpris devant le mélange complexe des différentes variétés linguistiques. Ils lancent l’idée d’écrire des textes en hind 稜 dépourvus de mots empruntés à l’arabo-persan. Le premier auteur à relever le défi n’appartient pas au Fort William College. Il s’agit d’un auteur persan In ごa All h Kh n qui, tenté par l’expérience, met par écrit un conte de tradition orale R n 稜 ketk 稜 k 稜 kah ni (1803) – histoire de la reine Ketk 稜 – en utilisant uniquement le vocabulaire indien courant, c’est-à-dire des mots dérivés du sanskrit et d’origine locale. Sous l’égide du Fort William College, L ll j 稜 L l publie, d’après un texte rédigé en vers braj, une version en prose mêlée de vers du Bh gavata Pur na sanskrit le Prem S gar . Dans la préface, il explique qu’il a écrit dans la langue de la région de Mira レ (Agr , Delhi) que l’on a surnommée (kha リi boli (langue ascendante), étant donné son emploi de plus en plus répandu. La langue y apparaît bien comme une variété de braj influencée par le penj bi et le persan. Le texte est une kath religieuse, c’est-à-dire l’histoire de K リルユa transcrite telle qu’elle est habituellement déclamée par les purohit (officiants) devant les assemblées de fidèles. On y observe les caractéristiques de ce style: redondance, allitération, métaphore, etc. Ce texte, publié partiellement en 1803 et dans son entier en 1811, sert de base aux missionnaires pour la traduction du Nouveau Testament hind 稜 (1811). Mais les textes des missionnaires, adaptés à l’expression d’une pensée totalement étrangère, sont extrêmement artificiels et maladroits. Les autres tentatives de l’époque, celle de Sada Sukhl l auteur d’un Sukh S gar (même sujet que le Prem S gar ) inachevé, et celle de Sadal Mi ごra, adaptation de N siketop khy na tirée d’un pur na sanskrit de facture assez gauche, ont été vite oubliées.

Ce qui est resté de ces premiers efforts est, en fait, l’idée de séparer l’hindust n 稜 (et l’urd qui en est le niveau littéraire ) du hind 稜 que l’on veut considérer comme l’unique moyen d’expression de la culture hindoue. La politique anglaise qui vise à diviser les deux communautés, les rancœurs inévitables des hindous contre le pouvoir musulman longtemps subi, ont graduellement introduit la discorde sur le plan linguistique. La notion de pureté chère aux hindous a été appliquée à la langue et l’on a restreint le terme hind 稜 au style épuré au maximum possible des vocables arabo-persans, déformant dans ce but le sens réel du terme kha リi boli pour lui donner le sens de «langue pure».

Les mouvements réformistes religieux, s’appuyant sur un revivalisme des valeurs hindoues (en particulier vedanta ) et le développement du nationalisme au cours du XIXe siècle, accentuent la tendance. C’est dans la première moitié du XXe siècle que cette rivalité linguistique connaît son apogée, suivant ainsi les tendances séparatistes représentées par la Ligue musulmane d’un côté et certains éléments du parti du Congrès de l’autre. Gandhi préconise l’adoption du hind 稜-hindust n 稜 comme langue nationale, employant l’un ou l’autre terme pour désigner «la langue parlée dans le nord de l’Inde à la fois par les hindous et les musulmans et qui peut être écrite indifféremment en caractères n gar 稜 ou arabo-persans» (discours d’ouverture de la Conférence de littérature hind 稜, Indore, 1918). Dans la province de l’Uttar Pradesh où les styles hind 稜 et urd sont en concurrence, les associations brahmaniques actives (S hitya hind 稜 sammelan) se montrent de plus en plus intransigeantes, provoquant la démission en 1942 de quatre membres importants. M. K. Gandhi, le pandit Néhru, Mawl n Azad et B. R. Pras d (futur premier président de la République indienne). L’acceptation, le 14 septembre 1949, par l’Assemblée constituante, du hind 稜 en écriture n gar 稜 comme langue officielle de l’Union indienne associée à l’anglais, est le résultat d’un compromis. L’article 343 de la Constitution spécifie que le hind 稜 devrait servir de «moyen d’expression à tous les éléments de la culture composite de l’Inde» et assimiler librement expressions et vocabulaire empruntés aux autres variétés, au sanskrit et aux autres langues.

La standardisation du hind 稜-hindust n 稜 commence dès le XIXe siècle par la publication des grammaires et des dictionnaires. John Gilchrist publie en 1796 une grammaire hindust n 稜, un manuel, The Oriental Linguist en 1798 et un dictionnaire en 1825. De nombreuses grammaires rédigées par des Anglais ont apporté une contribution importante, en particulier celles de J. T. Platts (1874), Kellogg (1875), A. R. Hoernle (1880), J. Beames (1872) et en français, La Grammaire de la langue hindoui de Garcin de Tassy. La première grammaire complète publiée en hind 稜 est celle de K. P. Guru en 1920. The Linguistic Survey de G. Grierson (1916) apporte une importante contribution à la dialectologie. La standardisation porte principalement sur la prononciation, la morphologie et la syntaxe. La pratique des textes montre cependant une évolution constante de la langue au contact de l’anglais. La formation d’une langue normative, confiée après l’indépendance à quelques organismes planificateurs, accentue cette tendance qui conduit à distinguer entre le hind 稜 régional des États, où il est la langue dominante et dans lesquels il se développe de façon naturelle, et le hind 稜 officiel chargé de néologismes. Dans ce style, où abondent les emprunts au sanskrit, les mots nouveaux sont calqués sur les termes anglais à l’aide de la dérivation et de la composition de modèle sanskrit. Ce type de langue reste inintelligible aux non-spécialistes. D’autre part, l’anglais ayant remplacé le persan comme langue de l’élite sociale, les emprunts à cette langue sont de plus en plus fréquents ainsi que les mélanges de codes hind 稜-anglais selon les situations et le contexte. L’anglais qui, à la demande des Indiens du Sud, reste la langue des concours pour les emplois administratifs, ne perd pas de terrain en Inde mais en se propageant se transforme au contact des langues indiennes. Beaucoup d’Indiens sont en effet bilingues ou trilingues et le phénomène est institutionnalisé puisque l’enseignement de trois langues est obligatoire dans les écoles.

Les débuts de la littérature hind size=5稜 moderne

Les premières œuvres en hind 稜 du Fort William College inaugurent l’entrée en scène de la prose littéraire moderne. Jusqu’alors, celle-ci n’était représentée que par quelques transpositions de textes persans en dakkhini hind 稜 (Mirajul ごk 稜n , 1400 env.), Sabras (1635), des transpositions en langues régionales (r jasth ni, braj, maithili, etc.) de textes sanskrits et des commentaires d’œuvres en vers. La progression de l’enseignement de type anglais à partir de 1835, soit dans cette langue au niveau supérieur, soit en langues vernaculaires au niveau secondaire et primaire, favorise la production de livres d’étude. Ceux-ci traitent de sujets variés: géographie, histoire, sciences naturelles, littérature. Le mouvement parti du Bengale se propage peu à peu vers l’Ouest. Les presses se multiplient et les éditeurs de livres scolaires (School Book Society) prolifèrent à Calcutta, Agr , Lucknow... Les élites sociales qui, jusqu’alors, recevaient leur éducation en sanskrit, persan et arabe, apprennent l’anglais et s’instruisent dans les disciplines occidentales. Le Calcutta Hindu College fondé en 1817 forme l’élite beng li qui produira de grands écrivains et poètes tels Bankim Chanda Chatterji et R. N. T gore. À sa suite, le Queen’s College de Benarès forme les élites de langue hind 稜.

Le plus important écrivain hind 稜 de l’époque est sans conteste «Bh ratendu» Hari ごcandra (1850-1885). Possédant une bonne culture traditionnelle, connaissant le sanskrit, le persan, le beng li, sans oublier l’anglais, il lance véritablement le hind 稜 sur la scène littéraire indienne. L’un des premiers, il édite un magazine, Kavivacansudh (1867-1883), dans lequel il publie ses écrits et ceux de plusieurs écrivains contemporains. La presse en hind 稜 ne cessera désormais de jouer un rôle important dans la propagation des idées nouvelles et de la langue. S’inspirant d’œuvres déjà publiées en beng li, Hari ごcandra compose de nombreuses pièces de théâtre dans lesquelles il essaie d’adapter l’esthétique théâtrale classique sanskrite à l’expression des idées modernes. Le théâtre de Shakespeare, dont certains aspects sont proches du théâtre sanskrit, l’inspire également. Par ailleurs, il écrit des chroniques, des essais, des discours. Son œuvre poétique est principalement en braj malgré quelques tentatives en kha リi boli . Ses idées, vishnouites orthodoxes sur la plan religieux, sont plutôt progressistes sur le plan social. Il essaie de réveiller l’amour-propre de ses compatriotes, les mettant en garde contre l’influence musulmane qu’il juge néfaste et contre une acceptation passive des idées occidentales. Son compagnon et ami Bh lakri ルユa Bha (1844-1914) édite à partir de 1877 le journal Hind 稜 Prad 稜p dans lequel il traite de sujets sociaux, politiques et religieux.

Deux genres nouveaux, empruntés à l’Occident, le roman et la nouvelle, se développent, en partie grâce à la presse qui les publie en épisodes. Des traductions d’auteurs anglais tels Walter Scott, Wilkie Collin, Balwan Lytton... incitent les auteurs à créer des œuvres teintées de romantisme historique. Le roman d’aventure apparaît sous la plume de Devak 稜nandan Khattri (1861-1919), auteur d’un roman-fleuve en onze volumes, Candrak nt (1888), qui connaît un immense succès. Il stimula, dit-on, l’apprentissage de la lecture à une époque où le taux d’alphabétisation était de 8 p. 100 environ.

La poésie reste largement traditionnelle dans sa forme, bien que de nombreux thèmes abordés soient nouveaux. Sous l’impulsion de Mah v 稜r Pras d Dvivedi (1864-1938), éditeur d’un important magazine littéraire Saraswati , la langue continue à se standardiser, l’effort portant sur l’orthographe et la grammaire. Auteur de nombreux essais concernant la langue et la littérature, Dvivedi donne aux écrivains contemporains la possibilité de faire paraître leurs œuvres dans sa revue. C’est avec son appui que Maithil 稜 ごaran Gupta (1886-1964), le premier, utilise exclusivement le hind 稜 pour composer sa poésie. Ses thèmes favoris sont l’exaltation du courage des castes guerrières et des valeurs culturelles indiennes en contraste avec l’état de la société à son époque. Des enseignants universitaires, R. C. えukla (1881-1941) et S. S. D s (1875-1945), fondateur d’une association pour la propagation du hind 稜, la N gari Prac rini Sabh qui édite une revue savante la N gari prac rini patrik lancent l’histoire de la littérature et la critique littéraire.

Le théâtre littéraire continue à se développer avec plus ou moins de bonheur. Le genre reste oppressé par le théâtre ancien. Les premières pièces sont souvent des adaptations de drames sanskrits (face="EU Acute" えakuntal ) ou un traitement théâtral de divers épisodes tirés des épopées et des textes narratifs sanskrits. L’absence de troupes professionnelles nuit à cette production dramatique.

L’époque de l’indépendance (1947)

La première moitié du XXe siècle voit se développer la littérature hind 稜 dans une langue relativement stabilisée, permettant l’expression de tous les sujets et une grande variété de styles. La lecture du roman social anglais représenté par Dickens, Thackeray, George Eliot, Thomas Hardy et des romans russes de Tolstoï et Gorki accentue la tendance des écrivains hind 稜 à se servir du roman et de la nouvelle pour peindre les travers de la société indienne et exposer leurs idées de réforme selon leurs tendances. Les thèmes les plus courants sont: le mariage (dot, mariages d’enfants, interdiction de remariage des veuves), l’éducation des femmes, la condition paysanne et les propriétaires terriens. Prem Cand (1880-1936), de son vrai nom Dhanpat R y えriv stava, est sans conteste le plus grand romancier et nouvelliste de cette période. De caste k yastha (scribes et administrateurs), il connaît parfaitement le persan et l’urd . Aussi ses premières œuvres sont-elles écrites dans ce style et il n’adoptera le hindi-n gar 稜 qu’à partir des années vingt sous la pression des événements. Tout d’abord adepte du mouvement réformiste conservateur Arya Sam j fondé en 1875 par D yanand Saraswati, il le quitte assez rapidement pour adhérer au mouvement de M. K. Gandhi. Il découvre aussi le marxisme. Ses nouvelles, rassemblées en huit volumes sous le titre de M nsarovar , sont très inégales sur le plan de la composition artistique, comme le sont d’ailleurs ses romans. Les interventions fréquentes du narrateur soucieux d’exprimer ses idées gâchent un peu l’ensemble de l’œuvre. Mais il a l’immense mérite de décrire avec réalisme la condition sociale paysanne et celle de la petite classe moyenne. Les caractères étudiés, bien que représentant plutôt des types sociaux, savent toucher et convaincre par la vérité de leurs sentiments authentiquement liés au contexte. Les problèmes sont exposés sans complaisance mais les remèdes proposés souvent utopiques. Ses meilleurs romans: Sev sadan (1918), Prem ごram (1921), Rangbhumi (1924), Gaban (1931) et son chef-d’œuvre God n (1936) connaissent encore de nos jours une grande popularité en Inde et à l’étranger. Sous sa plume, la nouvelle devient le genre le mieux traité en hind 稜 et ne cessera de s’améliorer par la suite. Les mêmes idées gandhiennes à la fois traditionnelles et réformistes animent l’œuvre de Jainendra Kum r (né en 1905). Cet auteur écrit dans un style concis et personnel des romans relativement brefs. Il introduit souvent dans le récit un personnage narrateur par l’intermédiaire du journal intime, d’échanges épistolaires, etc. Les analyses des caractères féminins sont pénétrantes. Les idées non explicitées par le discours sont subtilement intégrées dans la trame du récit. B. C. Varm (1903-1981), dans une langue très classique, met en valeur l’importance des circonstances dans le déroulement de la vie humaine et la relativité de certains préceptes moraux. Ilacandra Jo ごi (1902-1982) s’inspire pour la première fois dans la littérature hind 稜 de la psychanalyse freudienne. Son roman le plus célèbre, Sanny si (1941), et de nombreuses nouvelles en témoignent. U. N. A ごka (né en 1910) décrit avec talent les difficultés de la petite classe moyenne du Panj b dont il est originaire. Le marxisme qui dans les années précédant immédiatement l’indépendance s’oppose déjà au gandhisme, s’exprime avec netteté dans l’œuvre de Ya ごp l (1901-1976). Malheureusement sa dialectique est parfois pesante et le souci de convaincre dénature souvent la réalité. À partir des années quarante la production littéraire dans sa presque totalité est marquée par la propagation du marxisme parmi les intellectuels indiens. Tous dénoncent les inégalités et les injustices sociales criantes. Les écrivains dits «régionalistes» tels Phani ごvarn th Re ユu (1921-1977), Vaidyan th Mi ごra «Nagarjun» (né en 1910), B. P. Gupta (né en 1918) attirent l’attention sur la vie villageoise et les problèmes paysans.

Durant la même période, la poésie s’exprime tout d’abord dans un mouvement romantique inspiré du romantisme anglais quant à la forme, mais très indien quant au fond. Le ch y v d (littéralement «ombrisme») représente le reflet de la réalité vue à travers la vision du poète. Les thèmes sont la nature, l’amour, la patrie, traités directement sans l’intermédiaire des caractères mythologiques du passé. Les descriptions sont moins conventionnelles, l’environnement social est élargi, la symbolique plus imaginative.

La philosophie sous-jacente est celle des Upani ルads : identité de l’âme universelle et de l’âme individuelle. Quatre grands poètes représentent ce mouvement: Jay えankar Pras d (1889-1937), dont l’œuvre capitale K m yani (1935) est une épopée en vers fondée sur le thème de la création du monde et le mythe de l’homme moderne; Suryakant Trip thi «Nirala» (1899-1961), considéré comme l’initiateur du mouvement: le premier il emploie le vers libre, rompant ainsi avec la métrique ancienne; Sumitra Nandan Pant (1900-1977), sans doute le meilleur interprète de la quête spirituelle de l’homme et de ses aspirations, exprimées dans une poésie riche en images et en symboles; enfin la poétesse Mah devi Varm (née en 1907) dont le romantisme se teinte d’un mysticisme subjectif qui s’inscrit dans la ligne des auteurs féminins de l’Inde.

Nouvelles tendances

La poésie a suivi un peu tardivement le courant de modernisation, mais, faisant suite à une tradition vigoureuse, elle exerce une dynamique puissante dans le monde des lettres. Dès les années quarante, S. N. Pant rejoint les jeunes poètes dans leur mouvement «progressiste» (pragativ d ) teinté de marxisme: ainsi G. J. Muktibodh (1917-1964), dont l’œuvre poétique retient de plus en plus l’attention. L’indépendance acquise, la prise de conscience politique et l’engagement de l’écrivain deviennent prépondérants. L’ouverture vers de nouvelles littératures contemporaines: française, allemande, japonaise, américaine et anglaise engendre de nouvelles tendances. Le groupe de poètes dénommé «expérimentaliste» (prayogv d 稜 ), à la tête duquel se distingue S. H. V tsy yan «Agyeya» (né en 1911), tire son inspiration de l’expérience vécue par l’individu. L’existentialisme de J. P. Sartre a, dans une certaine mesure, contribué à cette évolution. Les écrivains veulent rompre avec certaines traditions oppressives de la société qui étouffent l’individualité comme avec le puritanisme victorien introduit par les Anglais. La finesse des analyses psychologiques et l’étude approfondie des relations humaines sont remarquables dans les deux grands romans de S. H. V tsy yan, えekhar, ek j 稜van 稜 (1941 et 1945) et Nad 稜 k dv 稜p (1951), qui se situent dans le contexte élargi de la situation politique mondiale. Il lance par ailleurs, la «nouvelle poésie» (na 稜 kavit ), expliquant son point de vue dans les préfaces de T rsaptak (1943) et de D sr saptak (1951), qui regroupe des poèmes de Nemicandra Jain, B. B. Agrav l, Prabh kar M cve, G. J. Kum r... Lui-m 勒me publie plusieurs recueils. Sa poésie comme ses romans trahissent une nature émotive et romantique.

La nouvelle prend un essor de plus en plus considérable. Le genre convient bien aux écrivains hind 稜, qu’il oblige à une certaine concision. Tous les auteurs cités précédemment sont nouvellistes et l’on peut ajouter les noms de Mannu Bha ユボ ri, Mohan Rake ご, Amark nt, Rajendra Y dav, Kamle ごvar. En général ces auteurs excellent à suggérer toute une ambiance en rapport avec l’état d’esprit du héros ou de l’héroïne. Les thèmes les plus courants sont l’aliénation, l’acculturation des jeunes générations et des Indiens émigrés, les problèmes posés par l’indépendance toute nouvelle des femmes. Nirmal Varm (né en 1929) se distingue par un style très soigné. Chez certains, l’érotisme de la littérature traditionnelle fait place au sexualisme: par désir de choquer, ils cultivent l’image et le mot crus. La révolte contre la pérennité du féodalisme continue à s’exprimer sous la plume de Jñ nranjan, Bhi ルma S hani, K ごin th Singh, Isr yal. L’influence du cinéma et de la télévision est sensible dans les romans de Manohar S. Joshi, réalisateur et auteur, tels: Kuru kuru sw h (Inde médiévale) et Kasap . De nombreuses femmes écrivains peignent surtout la transformation des rapports du couple dans la société modernisée. Kri ルユ Sobt 稜 situe son œuvre au Panj b, sa province d’origine, et fait preuve d’une grande rigueur d’expression. U ご Priyamvad , Sunit Jain sont marquées par leur séjour aux États-Unis. Dipt 稜 Kha ユボelv l, Nirupam Sevati, Mridul Garg, Rajni Panikar expriment les aspirations des femmes indiennes modernes. Cette littérature, essentiellement urbaine, ne concerne qu’une minorité de privilégiés.

Le théâtre se développe également durant cette période, grâce à la création de quelques troupes profesionnelles et d’une école de dramaturgie à Delhi. La radio incite à la composition d’œuvres courtes en un acte dans lesquelles excellent U. N. A ごk et L. N. L l en particulier. L’actualité politique inspire aussi quelques très bonnes pièces. Dans la plupart des cas, le dialogue sort enfin du conventionnel et devient vivant; le jeu des acteurs, moins outré, se fait aussi plus naturel.

La littérature orale et populaire

À côté d’une littérature essentiellemeent élitiste par son expression et ses thèmes se développe une littérature populaire, en partie orale. L’introduction de l’imprimerie au XIXe siècle a permis d’en fixer une partie par écrit. Elle est abondante dans les langues régionales, notamment en r jasth ni, braj, avadhi, maithili, bhojpuri sous forme de ballades, chansons, contes et drames. Il existe aussi une tradition orale en hindust ni dans laquelle l’apport musulman est important et qui révèle, au niveau populaire, un terrain culturel commun entre les deux communautés hindoue et musulmane. Les thèmes empruntés à la tradition arabo-persane tels les contes du H tim T 稜 , Laïla Majn , ou indo-musulmane comme Akbar Birb l vinod ou Amar Singh Rathaur voisinent avec ceux de tradition hindoue tels Simh san batt 稜s 稜 (Les trente-deux histoires du trône), Vaital Paccis 稜 (Les contes du Vetala), Gopicand . L’un des meilleurs exemples de cette osmose est représenté par les contes du recueil intitulé Tot Main , connu de tous les Indiens du Nord. Les histoires sont empruntées à la littérature narrative classique en sanskrit, le Kath sarits gara (L’océan des histoires) et le Pañcatantra . Au cours de la transmission, des éléments contemporains se sont ajoutés peu à peu, transformant les contes et leur donnant un grand intérêt sociologique. Considérés comme «vulgaires», ils sont racontés principalement parmi les groupes de basse caste ( ごudra ) et interdits, sinon aux hommes du moins aux femmes de la bonne société et des castes supérieures. Cependant l’inspiration très spécifiquement indienne qui les caractérise à l’exclusion de toute influence occidentale leur prête un charme véritable. Les sentiments, croyances et coutumes de tout un peuple, analphabète peut-être, mais non inculte, y sont exprimés dans une langue très savoureuse car vivante et naturelle.

Ces mêmes thèmes alimentent diverses formes de théâtre populaire encore très vivantes. Les pièces religieuses du R mlil et Kri ルユalil , les pièces profanes des nau レanki de l’Uttar Pradesh, des swang du Panj b et des khy l du R jasth n attirent encore des foules malgré la concurrence du cinéma. Les nouveaux dramaturges indiens commencent à comprendre la valeur de cette source vivante d’inspiration puisqu’ils cherchent à en adapter certains éléments à leur production dramatique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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